La commémoration a soulevé pas mal de questions dans ma petite tête de métropolitaine......
Je ne me souvenais pas bien de toute l'histoire, sinon que, lors de l'attaque d'Ouvéa, j'étais en voyage scolaire en Italie. La gravité des évènements ne nous avait pas échappée, mais cela se passait bien loin.........
L'assassinat quelques années plus tard par un de leurs anciens compagnons qui se croyait trahi par les accords de matignon, n'était qu'un lointain souvenir, mais ici.......
Il m'était donc difficile d'imaginer ce que ressent encore aujourd'hui ce peuple.
L'émotion est plus que palpable, omniprésente!
j'ai mesuré combien cette terre de répression a bien des leçons à nous donner.
Je me suis même demandé de quel droit les uns viennent les évangéliser et les autres changer leur éducation......
Deux films : "Tjibaou le pardon" et "Retour à Canala", suivis d'un débat ont aidé à bien saisir le sens de tout cela.
Cette terre a engendré des gens qui savent pardonner, ces deux femmes qui s'embrassent ont pardonné à l'assassin et à la famille Wae.
Elles ont pardonné , puis ont aidé à la réconciliation y compris avec ceux qui ont humiliés leur peuple pendant des années.
Les enfants de toutes ces familles déchirées, divisées par les tensions et les drames qui ont traversé l'histoire du pays, ont pu, après bien des années se parler. Aujourd'hui ils prennent le relais dans une volonté du vivre ensemble.
Madame Yéiwéné et madame Tjibaou
Le rôle des femmes et des mères a été très important dans ce processus de réconciliation.
Elles ont amené leurs enfants vers le pardon, puis la réconciliation.
Comprendre cela était très émouvant. La pudeur, la retenue de ces femmes devant le malheur et l'adversité laisse perplexe et admiratif.
Mais je me suis aussi demandé s'il ne fallait pas quelque part se rapprocher ""du parfait" pour passer toute une vie à porter un fardeau, celui de "femme de..... "
Alors, avec humilité mais beaucoup de fierté j'ai voulu que vous sachiez combien M. Claude Tjibaou est bien plus grande que moi....